Journée biodynamie

Sep 8, 2008

Ca fait un bail que je dois faire mon compte-rendu sur la journée de formation à la biodynamie avec Pierre MASSON.
Ce fût une journée très intéressante ou j’ai eu le plaisir de rencontrer de talentueux confrères.
Voici les grandes lignes de ce que nous avons pu constater…

La matinée est vite passée car chaque vigneron ou responsable de vignoble a pu décrire les interventions faires au vignoble: traitements (avec ou sans tisanes de plantes, avec ou sans algues, avec ou sans huile essentielle), préparations biodynamiques (Maria Tuhn, 500, 500P, 501), homéopatiques, travail du sol (à quelle période et avec quel outils), etc, puis nous sommes passés aux questions.

Et les questions fusent lors de ces journées!
La biodynamie est un art difficile où il faut être constament à l’écoute de son sol, de sa plante et du climat ! Les premières années sont difficiles car on paie cher les engrais solubles apportés en excès au vignoble; et les années suivantes sont difficiles car on peut se laisser piéger par un excès de confiance.
En effet, lorsqu’on a pu constater que les maladies sont maîtrisables sans la chimie, on peut croire les chose vont être de plus en plus simples, qu’on va réduire drastiquement les doses de Cuivre, et c’est là que la moindre erreur dans les prévisions de Météo France peut devenir une catastrophe… prudence donc!

L’après-midi, nous sommes allés voir plusieurs parcelles. Trois chez moi où des essais ont été menés, puis des parcelles du vignoble Leclert-Brillant et Roderer. Dans la parcelle ci-dessus, j’ai fait un test de deux préparations biodynamiques différentes: la préparation 500 et la 500P. L’an passé, cette parcelle était bloquée (sans doute en raison de la présence d’un  sous-sol sableux dans lequel les racines sont certaienement arrivées suite à l’utilisation de préparation 500). Lors de la journée de formation à la biodynamie de 2007, Pierre m’avait dit “Pour débloquer un sol, il n’y a rien de mieux que la 500P!”

Formé par l’école BOUCHET, on m’avait fortement déconseillé la 500P… j’avais donc très peur de cette solution.
Et puis, je me suis dit qu’il vallait mieux faire l’essai pour pouvoir porter un jugement. Vous voyez donc les deux parties de la vigne ci-desus. A gauche, la 500P (une fois à l’automne et une fois au printemps). A droite, le couple Compost de bouse Maria-Thun et préparation 500.
Les deux parties ont reçu la même dose de compost VEGETHUMUS à l’automne (1,5 T/ha), ont vu leurs sols travaillés le même jour. Les traitements avec bouillie bordelaise, plantes et soufre ont été identiques dans les deux parties.

La partie de droite a reçu deux préparations 500 de plus que celle de gauche: une associée à de l’ortie (qui n’a rien changé), l’autre avec de la camomille qui a permis à la croissance de la vigne de décoller enfin!!! On a palissé la partie avec 500P dix jours plus tôt que sans la 500P… et on a dû écimer avant la journée de formation car les rameaux étaient nettement plus hauts que moi!

Au niveau de la partie aérienne de la vigne, on constate une force dans la partie de gauche et la vigne est bien régulée dans sa croissance. Il lui manque une application de silice de corne pour aider les rameaux à se consolider et aux feuilles de se redresser pour aller chercher le soleil comme il se doit.

Sur la partie de droite (sans 500P), la vigne montre toujours les mêmes signes de faiblesse malgré les dynamisations à répétition… à croire qu’en deça d’une certaine vigueur, il faut préférer la 500P aux autres préparations pour relancer les sols et la croissance des plantes. Précisons que la 500P contient déjà l’inflence régulatrice de l’ortie et de la camomille.

Du côté sol, les effets structurants sont visibles dès la première année de comparaison entre 500 et 500P. Malheureusement, on ne distingue pas grand chose sur les photos…

J’ai pu constater une humification plus en profondeur avec une meilleure organisation de l’horizon humique sur la 500P par rapport à la 500.
La partie grumeleuse est développée plus en profondeur avec la 500P. Le drainage des premiers cm du sol est donc améliorer, ce qui sera très utile en cas d’année sèche…

Du point de vue des arômes du sol, ils semblent plus discrets et plus fins avec la 500P. Les deux modalités fleurs bon l’humus et les champignons… c’est un signe encourageant 🙂

Bon, j’avais d’autres photos des prélèvements de sol à mettre sur ce blog, mais ça ne rend rien en photo par rapport à ce que j’ai pu voir de mes yeux. C’est bien dommage qu’on ne voit pas la différence sur l’image aussi nettement qu’avec nos propres yeux.

Certains scientifiques prétendent que le cuivre est toxique pour la vie du sol… j’aurais aimé qu’ils m’expliquent pourquoi on note une si grande différence de structuration entre la partie 500 et la partie 500P (donc simplement en modifiant les préparations biodynamiques appliquées entre 120 et 240 g/ha) si la vie microbienne est en si mauvais état qu’ils le prétendent en raison d’une soit-disant toxicité du cuivre…

Vraiment, j’aurais bien aimé voir la tête de ces personnes qui pensent tout savoir mieux que le paysan (qui prend soin de sa terre et de la vie qu’il contient) pendant qu’il cherchait une explication à cette question fondamentale :-))))))

Un autre essai: l’homéopatique de prêle en D5.
(à réserver aux lecteurs avertis,
âmes sensibles s’abstenir)

Ca fait deux ans que je fais le même constat: la couleur du feuillage est parfaite avec l’application de la D5 de prêle jusqu’à l’approche de la floraison; puis voici de qui arrive…


A l’approche de la floraison, la vigne qui a reçu la D5 de prêle change de couleur, comme si elle soufrait de sécheresse. Il a d’ailleurs fallu que je fasse une dynamisation de camomille pour débloquer la situation et voir reverdir la vigne dans les 3 jours qui suivent… la camomille est d’ailleurs recommandée pour réguler la circuation de l’eau dans la plante et relancer le cycle de l’ouverture/fermerture des stomates grâce à l’huile essentielle qu’elle contient. Dans la partie sans D5 de prêle (la partie témoin de mon vignoble), j’ai eu des tâches de mildiou assez tôt (à l’approche de la floraison), puis, la pression mildiou est montée assez brutalement et du mildiou a fini par s’installer dans la partie avec D5 de prêle.

Pour ceux qui se posent la question, la D5 est une dilution homéopatique que je fais moi-même. A chaque étape, la Dn est obtenue avec 1/10e de Dn-1 + 9/10e d’eau. C’est une donc une dilution au dizième, d’où le D (à ne pas confondre avec les dilutions au 100ème qui servent à fabriquer les granules homéopathiques, les fameux CH).

Pour commencer, je fais une décoction de prêle. Je mets 1cl dans 9 cl d’eau, mais il faut une eau de bonne qualité, faiblement minéralisée. Je prends de la Monroucous. Pour dynamiser, et obtenir la D1, je choque le flacon dans mes mains.

Je prélève 1 cl de cette D1 que je mets dans un autre flacon (très important, il faut rincer chaque flacon qui va servir avec de la monroucous pour éviter de “parasiter” la D5), je complète avec 9cl d’eau. Je dynamise en suivant les mêmes préconisations pour obtenir la D2. Etc jusqu’à la D4. La D5 est faite directement dans le dynamiseur car il est difficile de dynamiser 80 litres d’eau à la main :-))

Il faut calculer les volumes en fonction de la surface à traiter. Pour ma part, j’épends la D5 à raison de 20l/ha.
L’épandage a lieu pendant la semaine précédant Pâques avec une “pompe à dos” réservée à l’épandage des préparations biodynamiques.
Avec quelques grammes de prêle, on peut “traiter” plusieurs centaines d’hectares !

Un conseil pour ceux qui veulent s’y essayer: pensez à boire de l’eau pendant les dynamisation manuelles !

En tout cas, c’est épatant de constater chaque année que le témoin est plus vulnérable au mildiou par rapport à la partie avec D5 de prêle… De même, la flore du sol diffère. Elle est beaucoup moins agréable dans la partie sans D5. Manifestement, il se passe quelque chose, mais qui saurait me dire quoi???? Encore une énigme pour la science ! Un jour, il faudra que quelqu’un prenne la peine de chercher pourquoi on constate ces effets alors que la décoction a été diluée par un facteur 100 000. Pour ceux qui pensent que l’homéopatie relève de l’effet placébo, comment expliquer que la vigne soit sensible à l’effet placébo ???

On m’attend pour le diner alors j’arrête là, je publie comme ça et je relirai plus tard.
Bon apétît!
Franck

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