Un ignoble vigneron

Juin 17, 2008

Voici une réaction Meatrix sur mon blog posté de la part de Cultilandes:

“Dans la Nature, avant l’apparition des ignobles vignerons comme vous, les pieds de vigne vivaient au soleil de la Méditerranée, à leur aise.
Vous les maintenez dans votre climat froid et humide, en rangs très serrés, vous les taillez selon votre “bon” vouloir pour les exploiter, en privant les oiseaux de leurs fruits. Concentrés dans ce climat hostile, vous devez les arroser de tisanes et autres décoctions pour les maintenir artificiellement en vie…”

Bonjour Cultilandes,

Avant que les immeubles viennent dénaturer le biotope de la méditerranée, je ne sais pas où poussait la vigne.
On a retrouvé des fossiles de vigne datant d’environ 65 millions d’années en Champagne, près de Sézane… comment prétendre qu’il n’y avait pas de vigne en Suède avant ?

Pour la vigne d’aujourd’hui, notre climat permet l’élaboration grands vins par une pluviométrie normalement limitée (700 mm annuels), et des températures fraîches qui garantissent un support acide indispensable à la structure du vin blanc. L’acidité naturelle, c’est meilleur pour la santé que les acides rajoutés.

Concernant la densité de plantation, je ne sait pas quelle elle serait dans la nature… ça se rapprocherait probablement de la densité d’une forêt de quelques années, avec des arbres de 2 à 3 mètres de haut… je pense que la densité serait en effet plus grande au départ pour décroître quelques dizaines d’années plus tard. C’est difficile à dire car toutes les forêts actuelles ont été modifiées par l’homme un jour ou l’autre.

Pour l’exploitation de la vigne, je ne suis pas d’accord. Nous leur laissons la liberté de produire ce qu’elles ont envie de produire. On se contente de les recadrer par des ébourgeonnage ou des vendanges en vert si nous jugeons que la vigne veut produire plus que ce qui nous semble nécessaire. La moyenne d’age de nos vignes est supérieure à 30 ans, elles ont encore de belles années devant elles et je ne veux pas qu’elles s’épuisent inutilement. Nous ne gavons pas nos vignes de produits dopants comme les engrais, les chélates de fer, etc qui les obligents à produire plus (engrais chimiques notamment). Il ne s’agit donc pas d’exploitation, mais de recueillir les fruits qu’elle nous donne et nous la remercions infiniment pour cela.

Pour les oiseaux, nous pensons à eux. Chaque année, au lieu-dit “les ragotteries”, les oiseaux passent vendanger quelques jours avant nous. Il ne reste plus que les rafles à couper, mais ça n’aurait aucun intérêt. Ca me rassure, car pour moi mo, ça signifie que le raisin est bon dans cette vigne et les attire… c’est un gage de qualité pour ces consommateurs avertis 😉 Cela ne me gène en rien dès lors que les oiseaux me laissent assez de raisins pour en vivre. D’ailleurs, je suis content chaque année de constater que des couples d’oiseaux s’établissent dans nos vignes pour nidifier est héberger leur couvée. Je me dis que ceux-là ont fait le bon choix car les oisillons ne risquent pas le cancer du cerveau, c’est déjà ça.

Pour votre dernière phrase, je ne pense pas que le climat soit un facteur déterminant qui rende la vigne sensible aux maladies. Je crois que le milieu dans lequel les racines baignent est beaucoup plus perturbant pour elles…. malheureusement, l’êre de la chimie est venue perturber en profondeur les écosystèmes naturels. Il faut du temps pour que tout cela se répare. C’est pourquoi nous travaillons à la reconstruction de ces écosystèmes dans nos vignes. La flore spontanée est très diversifiée et les espèces qui lèvent cèdent leur place à d’autres lorsqu’elles ont terminé leur travail. Afin d’accélérer le phénomène, nous apportons des soins énergétiques et homéopatiques.
Nous faisons en sorte que la vigne se libère totallement d’unsystème qui l’a privée de ses droits les plus importants; comme par exemple une notion fondamentale dans la nature: la verticalisation des racines.

Dans la nature, les vignes développent des racines verticales. Avec la culture dite raisonnée ou durable, on prive la vigne de cette possibilité. En effet, par l’usage de désherbants, le sol se compacte car il n’est plus aéré. Même les vers de terre dont le rôle est justement de labourrer le sol et de fixer la matiere organique de surface à la terre remontée des profondeurs sont sacrifiés à coup de poisons. Ce génocide des vers de terre au nom de la rentabilité, de la productivité et du confort de travail prive le sol de moult galeries qui permettent à l’eau, à l’air et donc aux racines de descendre; et à la vie de s’y développer. La vigne est donc coupée d’une grande partie des êtres qui vivent en symbiose avec elle… alors le viticulteur durable a trouvé la parade: les engrais chimiques qu’on apporte sur le sol afin de permettre à la vigne d’avoir accès à ce qu’on lui a retiré; ce qui entretien de surcroît l’horizontalité des racines…

Horizontalité, verticalité, quelle importance me direz-vous lorsque ce qui compte, c’est de produire du raisin ??
Pour le raisin, je dirais aucune; mais pour le vin, c’est tout autrechose… il y a de très bons vins horizontaux; mais lorsque vous avez la chance de déguster des vins verticaux, vous vous en souvenez en vous ne revenez plus en arrière car LA qualité est là… dans la sensation que procure le vin et les bienfaits qu’il procure dans l’organisme. Certes, produire des vins verticaux demande beaucoup de travail, mais quel plaisir d’être parvenu à rendre cette capacité naturelle à la vigne ! Nous ne lui demandons rien de plus que de faire ce qu’elle fait de mieux: rester naturelle.

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